Métier de cirage à Ouagadougou : L’activité parallèle d’un élève de la classe du CM1
Le
métier de cirage est l’une des activités les plus exercées par les jeunes dans
la capitale burkinabè. Abdoul Ouédraogo, âgé de 15 ans est un cireur de
chaussures qui fréquente les maquis et restaurants pour proposer ses services.
Bien qu’il soit un élève en classe CM1, Abdoul Ouédraogo manie avec dextérité
et habilité la brosse à cirage à l’image d’un professionnel du domaine. Nous
avons rencontré ce ‘’technicien du cuir’’ dans un débit de boisson à Tampouy, situé
dans l’arrondissement n°3 de Ouagadougou.
Il était 16h et quart quand il faisait son apparition dans le maquis « l’Epoque » situé à deux pas de l’échangeur du Nord. A
pareille heure, le débit de boisson accueille ses inconditionnels et fidèles clients
qui commençaient à s’installer. Abdoul lui aussi est un habitué du lieu, sauf qu’à
la différence des autres, il est là pour un autre objectif : cirer les
chaussures pour avoir sa pitance journalière.
Vêtue d’un jogging noir (survêtement), les
cheveux crépus et gominés, Abdoul Ouédraogo arrive en commando avec son
contingent de matériel ; un sac au dos, le tabouret dans la main gauche et un bidon contenant du savon
liquide dans l’autre main.
De tous les quatre coins des
lieux, il est constamment sollicité. Les chances de notre rendez-vous
deviennent de plus en plus improbables au regard de la forte demande que reçoit notre interlocuteur. Mais le gamin nous rassure qu'il aura lieu malgré les nombreuses sollicitations. C’est à 17h, son heure de descente, qu’il s’est confié à nous.
Visiblement essoufflé par les efforts qu'il vient de fournir, il propose d’écourter les échanges afin de regagner promptement
son domicile qu’il a quitté depuis 8h pour aller à la recherche de son ‘’pain’’.
« Ce métier, je le fais depuis un an » nous a-t-il confié avant de
nous rassurer de l’approbation de ses
parents lorsque nous avons voulu faire la relation de son travail avec son école.'Mes parents sont bien au courant que je fais ce travail, mais cela ne les dérange
pas, a laissé entendre le Abdoul Ouédraogo qui décrotte avec aisance et
ingéniosité les souliers de ses clients.
Comme difficultés, certains clients refusent de payer l'argent une fois le travail terminé , évoque le cireur Abdoul Ouédraogo
« Même pendant l’année scolaire,
je continue de faire le travail. Mais c’est pendant les week-ends que je sortais »
a affirmé cet élève-cireur pour dire qu’il s’agit aussi d’une passion. Mais au-delà de cette passion, se
cache derrière, une autre raison fondamentale : celle financière.
Issu d’une famille nécessiteuse,
Abdoul Ouédraogo s’est investi dans ce travail selon son explication, pour
épauler ses parents dans les dépenses. « Nous sommes six dans notre
famille mais il y a seulement deux qui vont à l’école, c’est mon frère et moi », soutient-il pour justifier son engagement. "Avec le peu que je gagne, je m’achète des habits et autres choses et cela va sans doute
décharger les parents"" a indiqué le
cireur.
Quid des recettes journalières ?
C’est une omerta totale. Comme s’il avait été instruit à botter cette question
en touche, il n’a pas souhaité s’aventurer sur les détails. "Ce que je peux vous
dire, je ne rentre jamais bredouille", nous a-t-il rassuré. Cette activité parallèle
n’influence pas mes études puisque je serai candidat au Certificat d’étude
primaire (C.E.P) de 2022, a ajouté l’élève de CM1.
Des clients sous le
charme
Emile Somda est l’un des clients
de Abdoul Ouédraogo qui ne manque pas d’éloges à l’endroit du jeune écolier cireur. « Il est un bosseur qui connait très bien son travail »
a -t-il dit à l’endroit de son client." Il n’est pas comme les autres élèves qui
attendent toujours la main tendue, cet enfant est un battant" poursuit-il. Je
suis sûr qu’il sera un grand dans l’avenir parce qu’il a compris la vie, a
prédit ce client qui ne trouve aucune inconséquence entre le statut d'écolier et son travail et son travail.
Sous le poids de la fatigue de la journée,
Addoul Ouédraogo décide de prendre congé de nous pour rentrer chez lui sans
avoir épuiser nos échanges. En attendant, il promet mettre les vacances à
profit pour mieux s’investir dans cette activité qu’il estime rentable.
Serge Ika Ki
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