Ramadan 2021 au Burkina : Les vendeurs de mouton aux abois

 



A 48h de la  fête de Ramadan, les vendeurs du marché de bétail de Kilwin, à Ouagadougou, font grise mine.  A quelques jours de la fête l’Aid el fitr prévue le 13 mai 2021, moutons, chèvres et bœufs  recherchent désespérément des acheteurs.

Contrairement aux années antérieures, la rue conduisant au marché de bétail de Kilwin était dépourvue  de ses vendeurs ambulants de moutons à l’occasion  des fêtes islamiques. Cette  situation s’explique par un arrêté du maire interdisant la vente d'animaux dans les rues de Ouagadougou.

Arrivé sur le lieu aux environs de 16h,  nous observons une grande affluence à l’entrée du marché. Mais paradoxalement, les vendeurs de bétail se plaignent  de la morosité des affaires. Venu de Dori, dans le Sahel burkinabè, Amidou Dicko ne sait plus à quel saint se vouer. C’est avec amertume qu’il nous raconte sa galère depuis son arrivée dans la capitale avec ses 60 moutons. «  Il n’y a pas de marché, les gens viennent demander les prix mais ils n’achètent pas » nous explique désespérément ce sexagénaire qui a parcouru plus de 200km dans pour écouler ses bêtes. L’année passée, le marché était nettement meilleur que ça, se rappelle  encore  le « vieux » Dicko, le regard égaré, posé sur ses moutons qui ne cessent de bêler . 

Cette morosité du marché, s’explique selon Dicko Amidou par la décision du maire de la ville d’interdire toute vente dans les rues. Car dit-il, «dans la rue nous avons la chance d’exposer nos animaux à tout le monde. Par contre ici, l’espace est fermé et aussi le nombre important de vendeurs agglutinés dans le marché n’offre pas une grande chance à notre visibilité», peste Dicko.Toutefois, il espère que la situation va changer les jours à venir . Même Constat chez Idrissa Tougma. «Bonne arrivée, ici c’est chez moi», nous accoste-t-il. C’est avec déception qu’il apprendra que nous ne sommes pas  l’un de ses rares clients qu’il attendait depuis 7h. Toutes nos tentatives de lui soutirer un mot sont restées vaines. Il retourna s’installer avec le visage crispé où siégeait momentanément inquiétude et déception comme si le ciel lui était tombé sur la tête.

Si certains pour plusieurs raisons préfèrent ne pas parler de leur misère, d’autres par contre y voit une opportunité de se prononcer à notre micro dans l’espoir de se faire entendre. C’est le cas de Moustapha Tougwemba. « Depuis ce matin, j’ai vendu seulement  un seul mouton de 20.000 francs CFA, mais il en reste toujours plus d'une vingtaine. Je pense que  les clients viendront plus tard» espère-t-il, lui qui confie avoir vécu la même situation l’année dernière. «C’était le même scénario , mais après j’ai pu vendre tous mes animaux», se souvient-t-il, plus optimiste que les autres.

                        Ce bélier de 80 .000 francs attend toujours un preneur

                        Les clients jugent les prix exorbitants

Alex Kaboré fait difficilement avancé son mouton de sacrifice à l’aide d’une corde rafistolée à l’image du poids de la bête. « Ce mouton, je l’ai eu à 30.000. Je voulais un autre  mais c’était trop cher pour moi puisque le commerçant parle de 75.000 francs CFA » nous informe Alex Kaboré qui estime que l’essentiel est trouvé. 

Après avoir passé plus d’une heure à discuter sur les prix, Sawadogo Madi se retourne désespérément sans le moindre animal.Nous l’avons apostrophé à sa sortie mais il a fallu plusieurs tentatives pour qu’il nous relate sa déception. «Je n’ai pas eu de mouton, tout simplement parce que c’est cher»,  nous lance-t-il laconiquement  avant de fuir notre camera.


                    Sawadogo Madi rentre désespérément sans son mouton 

Pour la plupart des clients que nous avons rencontrés, la cherté des prix était sur toutes les lèvres. Cependant le marché continuait d’accueillir du monde au moment où nous quittions les lieux. Commerçants et clients espèrent s’accorder pour que le marché profite à tout le monde afin de bien célébrer la Ramadan.

Serge Ika Ki


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Examens de fin d’année : les candidats affûtent leurs armes

« On ne peut pas résoudre tous les problèmes du pays en cinq ans »dixit Abdoulaye Sawadogo.