Lutte contre le coronavirus : Le respect des mesures barrières boîtent dans les salons de coiffure




Pour stopper la progression de la maladie à coronavirus au Burkina Faso, les autorités sanitaires ont recommandé un certain nombre de mesures barrières. Le port de masque, le lavage régulier des mains, la distanciation sociale sont entre autres les gestes barrières qui doivent désormais rentrés dans les habitudes des burkinabè. Quand est-il du respect de ces mesures dans les salons de coiffure qui sont des lieux de contact permanent entre professionnels et clients. Voici le constat fait dans certains salons de coiffure de la ville de Ouagadougou ce vendredi 24 novembre 2020.

Manéga Siriki attend impatiemment son premier client du jour
Il est 10h, nous sommes devant l’atelier de coiffure de Maniga Siriki situé dans le quartier tampouy de Ouagadougou. De l’extérieur de son atelier, mise à part son panneau d’indication, aucun dispositif d’hygiène comme par exemple les lave-mains n’est perceptible à notre arrivée. Pourtant cette précaution semble être la plus élémentaire des mesures de précautions récommandées par les autorités sanitaires. Accueillis par son apprenti, nous sommes traités de persona non grata car nous ne faisons pas partie de ses clients « rentables » qu’ils attendaient avec impatience depuis 6h du matin. Après un long temps de négociations, nous sommes autorisés à prendre place dans le « 4m carré » de Manéga Siriki. Confortablement assis au coin de son atelier, sans bavette ou cache-nez, avec un regard partagé entre inquiétude et désespoir, le patron des lieux nous apprend que les clients se font de plus en plus rares à cause de la maladie à coronavirus. « Depuis matin, je suis toujours assis à la même place » déplore-t-il. Son seul souhait est de voir éradiquer cette pandémie le plutôt possible au Burkina Faso. Les gens ne veulent plus avoir de contact avec d’autres personnes au risque de contracter le covid-19 a-t-il ajouté.
La distanciation social est impossible de l'avis de Manéga siriki


Mais à peine il a terminé sa phrase, voilà un client qui se présente à lui. Quelle procédé va- t-il trouver pour respecter les mesures de distanciation sociale, nous demandons-nous intérieurement. Après avoir nettoyé sa tondeuse, il effectue tout le reste du travail sans porter de bavette encore moins se désinfecter les mains avec du gel hydroalcoolique ou du savon. « J’avais vraiment oublié » nous répond t-il avec un sourire d’espoir lorsque nous avons voulu savoir pourquoi il a fait fi des mesures barrières. Le client qui a préféré garder l’anonymat regrette de ne pas avoir rappelé au coiffeur, ces exigences d’hygiène sanitaire avant l’allumage de la tondeuse. Prochainement, il va falloir observer un certain nombre de ces mesures. C’est pour ta santé et celle de tes clients, a conseillé avant de s’éclipser avec son cache-nez bien ajusté. Au moment où nous prenons congé de lui, il accueille son deuxième client de sa matinée et tout s’est passé derrière nous.

La désinfection des mains, un exercice obligatoire avant l’accès l’accès au salon


Le port de cache-nez est une obligation dans le salon de Kouakou Stéphane

Contrairement au salon de coiffure Manega Siriki, tout client est tenu au respect des mesures barrières au salon de coiffure chez Stéphane. Le patron des lieux est originaire de Togo. Il demande à tous ses visiteurs de se laver les mains au savon à partir d’un dispositif qu’il a déposé à l’entrée de son atelier, avant d’y accéder. Personne ne doit déroger à cette règle, nous a-t-il martelé. Et pour ne pas être congédié comme des visiteurs indélicats, nous sacrifions aussi à la tradition en nous lavant les mains avant de nous entretenir avec notre interlocuteur. Là aussi, c’est le manque de clientèle qui est l’inquiétude majeure. Sauf que chez lui, nous trouvons un client entrain de se faire coiffer et un autre qui attend dans le salon feutré . « On ne gagne plus de client comme avant » affirme-t-il. Etant donné que la maladie nous oblige à réduire nos contacts on ne peut pas se permettre toujours d’aller dans les salons de coiffure, pense-t-il. Mais il garde l’espoir tout de même que la pandémie sera boutée hors du pays dans un bref délai. Tout en implorant la main de la providence, il appelle tous les Burkinabè à observer le strict respect des mesures barrières en vue de vaincre ce fléau mondial.
Le client que nous rencontrons dans ce salon se dit très satisfait du cadre de travail de son coiffeur. Pour Souleymane Kaboré, cette rigueur doit être un cas d’école pour les autres salons de coiffure. Car dit-il, ce sont des lieux d’affluence et de contact permanent, et si les mesures ne sont pas respectées, cela peut donner un terrain propice à la propagation de la maladie à coronavirus.


Quand l’ignorance prend le pas sur la réalité


Notre périple s’achève dans un autre salon de coiffure situé dans la même zone où officie le jeune togolais. Mais avec des réalités différentes. Face au refus catégorique de ce dernier à s’exprimer à notre micro nous sommes obligés de nous contenter des images qu’ils nous a laissées faire. Concernant les questions sur la protection contre la maladie, ce jeune homme à la vingtaine d’années environ, botte en touche. « Je ne veux pas parler et d’ailleurs je ne comprends même pas français ». Nous tentons plusieurs fois de lui expliquer la raison de notre visite mais il refuse de se prêter à toute interrogation.


Même s’il faut se réjouir de la prise de conscience de certaines personnes, il faut regretter aussi l’ignorance d’autres qui ne savent rien de la gravité de cette maladie à coronavirus. Pourtant selon les autorités sanitaires, c’est en respectant scrupuleusement les gestes barrières notamment la distanciation sociale, le lavage régulier des mains, la protection du nez et de la bouche que nous saurons mettre en déroute cette maladie qui a mis le monde entier en berne.

Serge Ika KI

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